Q1: Étanchéité à l'air
I. Généralités
Définition :
Étanchéité à l’air :
1. éviter tout mouvement d’air au sein des éléments de la construction (dans les murs) et plus spécifiquement au sein des systèmes d’isolation thermique des parois en contact avec l’extérieur.
2. limiter les infiltrations d’air parasite au sein du volume chauffé pour gérer les sources d’inconfort (courant d’air).
L’étanchéité à l’air est une combinaison de deux couches : une couche intérieure pour éviter l’infiltration d’air chaud dans le bâtiment et une couche extérieure.
L’isolation thermique et l’étanchéité à l’air sont indissociables.
Dans des éléments de construction, si l’air est en mouvement, il n’y a pas d’isolation thermique. Au contraire, si l’air est fixe, il y a une isolation thermique.
Les conséquences d’un manque d’étanchéité à l’air :
- une augmentation importante des déperditions calorifiques (notamment en hiver)
Sur une paroi de 1 m2, une fente d’1mm :
- crée des mouvements d’air à l’intérieur qui divisent le pouvoir isolant par 5: le mur n’isole plus. En effet le pouvoir isolant d’un matériau dépend exclusivement de l’air fixe emprisonné en son sein.
- Permet le passage d’1 kg d’eau contenu dans l’air intérieur qui augmente de 1600 fois l’humidité de l’isolant (diminution du pouvoir isolant, moisissures…)
- la dégradation des conditions climatiques à l’intérieur (hiver trop sec et été trop chaud)
La dégradation du confort intérieur : en hiver, pénétration d’air froid et en été, pénétration d’air chaud.
- un manque d’insonorisation
Là où l’air passe, le bruit passe.
- une accumulation d’humidité
Création de dégâts au bâtiment liés à l’accumulation de l’humidité. Cette humidité provient de différentes sources :
- par diffusion
- par le séchage des matériaux (bois)
- par diffusion latérale au niveau des raccords de niveaux adjacents
Contexte français :
On s’en préoccupe peu.
Jusqu’à aujourd’hui :
- l’étanchéité à l’air n’est pas prise en compte et enseignée dans le référentiel des formation ( codes métiers (MOE, MO, Artisans….) ).
- Pas de métier d’isolateur thermique.
- Pas de démarche d’assurance qualité.
On ne sait donc ni concevoir, ni mettre en œuvre correctement ce qui a un impact très négatif sur la performance thermique du bâti et sa durabilité.
Conclusion :
la majorité des constructions neuves et en rénovation ne sont pas performantes thermiquement.
(le label HPE 2005 (voir F3Q2))
Depuis 2007, La conception et réalisation d’une étanchéité à l’air de bonne qualité devient obligatoire pour l’obtention d’un bâtiment à faible besoins énergétiques (BBC, MINERGIE, PASSIF)
II. La démarche qualité
50% de la problématique se gère en phase amont : conception.
50% se gère en réalisation.
Mise en place d’une démarche qualité avec…
Nécessité de mettre en place un vrai démarche qualité « étanchéité à l’air » au sein de :
- l’entreprise en charge du lot principal: Structure / Gros œuvre / isolation.
- des interfaces avec les autres corps d’état : Menuiseries extérieures / Plomberie et chauffage / Électricité.
La démarche portée par…
Cette démarche qualité doit être mise en œuvre par le Maître d’œuvre du chantier et expliquée au maître d’ouvrage : pour justifier l’apparent surcoût.
Tous titulaires d’un lot ont une obligation de conseil, chaque entreprise a sa part de responsabilité.
MOE= Architecte ou entreprise titulaire du plus gros lot (devoir intégré de conseil).
La démarche EEPACO:
- écrite : écrite dans le CCTP et le carnet de détail (CF partie III)
- expliquée : dès les premières réunions de chantier à l’ensemble des corps d’état. Vulgarisation et pédagogie.
- partagée : la démarche est portée par le maître d’œuvre mais partagée entre tous les corps d’état : le travail en équipe est indispensable.
- Contrôlée : Le niveau d’étanchéité à l’air ne peut être validé qu’en effectuant 2 tests d’infiltrométrie ( en phase intermédiaire et en phase finale).
III. Conception d’une bonne étanchéité à l‘air
- Rappel : 50% de la qualité de l’étanchéité à l’air.
- Effectuée en amont du chantier : il n’est plus l’heure de concevoir au moment du chantier.
Etapes de conception :
1. Les coupes du système constructif
Avoir à disposition chaque coupe de système constructif :
o murs
o plancher
o toiture
Ainsi que chaque liaison :
o Mur / Dalle
o Mur / plancher
o Menuiseries / Mur
o Mur extérieur / mur de refend
(plan d’exécution, différent des coupes de principe du CCTP)
2. Les produits et procédés
Identifier et connaître les produits et procédés d’étanchéité à l’air appropriés au système constructif (filière sèche, filière humide).
Par expérience il vaut mieux rester centré sur un fabricant et une gamme de produit que l’on connaît bien, et chercher les innovations.
3. Les points critiques
Il faut savoir identifier les principaux points critiques inhérents au système constructif.
Les points critiques sont :
- ceux généralement constatés dans les constructions.
- ceux inhérents au système constructif.
41% des problématiques d’inétanchéité à l’air sont localisés au niveau des jonctions de menuiseries.
38% résultent de la pénétration des réseaux et des gaines.
OBJECTIFS :
- être capable de dessiner une ligne rouge continue symbolisant l’étanchéité à l’air intérieur (de l’espace chauffé).
- de même pour une ligne bleue symbolisant l’étanchéité à l’air extérieur (étanchéité au vent).
Dès l’instant où l'on « lève le crayon », cela signifie qu’il existe un point critique à gérer.
Il faut alors lister et nommer ces points critiques (A,B,C.. 1,2,3… Raymond, Hervé, Jean Luc…)
Noter ces points critiques sur les plans.
4 . Réunion d’équipe
Constitution d’une petite équipe réunissant pour chaque point critique identifié les corps d’état liés :
- dessinateur projeteur
- chef de chantier
- ingénieur thermique
- 1 représentant de chaque corps d’état
Il faudra impérativement que ces réunions soient conduites par une personne formée et compétente aux stratégies d’étanchéité à l’air.
Pour chaque point critique, une ou plusieurs solutions techniques sont proposées et validées par l’intermédiaire d’une coupe réalisée à cet effet.
L’ensemble des coupes constituent le Carnet de détail «étanchéité à l’air », pièce maîtresse de la démarche EEPACO.
5. Chiffrer l’étanchéité à l’air
L’étanchéité à l’air est un lot à part ! Il doit être chiffré séparément pour le traiter à « sa juste valeur ». Si ce n’est pas chiffré, il sera probablement mal réalisé.
Le coût moyen, tout système confondu, est de 8 à 12€ HT par m2 (main d’œuvre + matériel). La rénovation est de 18 À 25€ ht/m2.
IV. Principe de mise en œuvre
Principe de base :
1. On a écrit ce que l’on allait faire (dans le cadre des réunions d’équipe)
Maintenant : on fait ce qu’on a écrit.
2. On assiste au démarrage des travaux de chaque corps d’état et on gère les interfaces :
Métier du référent « étanchéité à l’air ».
Vigilance particulière
On porte un vigilance particulière sur 2 points critiques que
sont :
1. les liaisons mur extérieur / menuiseries extérieures
2. les pénétrations dans l’enveloppe extérieure des gaines, câbles et conduits.
Ces postes représentent 80% des fuites d’air d’un bâtiment conventionnel.
On applique les prescriptions et on respecte les conditions d’application prescrites par le fabricant des produits d’étanchéité à l’air.
Exemple : la pluie et le gel nuisent à la pose du scotch.
Le contrôle :
Pour valider la qualité de l’étanchéité : 2 tests d’infiltrométrie sont nécessaires.
1. Test intermédiaire en phase chantier au moment du clos/couvert (bâtiment hors d’eau / hors d’air). Il permet de caractériser les fuites résiduelles et de corriger les fuites les plus importantes.
2. Test en phase finale à réception du bâtiment (remise des clefs). Il permet de valider la démarche complète d’étanchéité à l’air. Il est souvent réalisé pour l’obtention d’un label.
Note : si un seul test est effectué, il ne permet plus de corriger les fuites ; le résultat est donc aléatoire.
Le test intermédiaire permet de dédramatiser le sujet de l’étanchéité à l’air en associant tous les corps d’état à la recherche des fuites.
Pour contrôler l’étanchéité à l’air, on utilise des unités de mesure. Ces unités relèvent de la norme EN 13829 (norme internationale). En France, on cherche à mesurer le débit de fuite sous une pression de 4 Pa (faible pression) et on parle de m3/h/m2 de paroi.
La prochaine réglementation thermique sera basée sur le niveau BBC en France.
V. Chiffres clef
L’impact des infiltrations d’air sur les consommations énergétiques:
Selon CETE Lyon, pour une unité de n50 = un impact de 4 à 7 kwh / m2 /an et par unité de Q4 PA SURF 20 à 25 kwh/m2/an.
Pour un projet Chênenet / Spl de maisons en rénovation, on a simulé l’impact des infiltrations d’air sur les consommations énergétiques avant et après travaux.
Par unité de Q4 Pa surf > 28 kwh ep/ m2 / an
11 kwh ef/ m2 / an
Ressources externes
Carnet de détails- CT Lyon
Ressources internes
Carnets de détails - CC